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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/331

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son maximum vers le Thalweg des vallées, et elle va en diminuant vers les versans ; à Gérardmer cette puissance dépasse 10 mètres, ce dont j’ai pu m’assurer par des puits creusés au milieu de ce village. Sur les flancs de la chaîne, les montagnes de grès vosgien sont couvertes de blocs erratiques de granite, gneiss, eurites, etc., qui appartiennent à cette époque.

11° Presque partout, la formation diluvienne est recouverte par une couche de tourbe qui a souvent plus de 2 mètres de puissance, et qui fournit un excellent combustible. Cette tourbe renferme une grande quantité de racines et de troncs de sapins, les mêmes que ceux qui vivent encore dans le voisinage, et ont à peine éprouvé un commencement de carbonisation.

La formation de cette tourbe se continue encore : tout-à-fait à la surface, on trouve sous les mousses, les lichens et les graminées vivans qui composent la végétation du sol, une couche de ces mêmes végétaux morts, mais point encore décomposés ; au-dessous, la décomposition est en pleine activité ; un peu plus bas elle est très avancée ; enfin on arrive ainsi par degrés insensibles à la tourbe la plus compacte, celle que l’on exploite pour brûler, et cela a lieu partout. Mais ce qu’il y a de bien remarquable, c’est que la tourbe dont je parle s’est formée et se forme encore aujourd’hui sur toute la surface des Vosges, non seulement dans le fond et sur les flancs des vallées, mais encore sur les sommets des montagnes même les plus élevées, que la couche de tourbe recouvre en manteau. Sur les sommets de Thanet, qui appartiennent à la crête, elle a plus de 2 mètres de puissance ; il en est de même sur ceux du Fény, près de Gérardmer, qui sont la plus de 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est une véritable formation géognostique ; si maintenant une nouvelle alluvion venait recouvrir la surface des Vosges, on aurait une masse de charbon entre deux couches arénacées, de même que dans les houillères des terrains anciens.

12° Sur un grand nombre de points des Vosges et souvent très près des sommets, il existe des lacs profonds et assez étendus gisant dans le fond d’un entonnoir, qui ressemble tout-à-fait à un cratère, mais autour duquel on ne trouve aucune trace de roches volcaniques. Les parois de ces entonnoirs sont formés par des granites ou des syénites (lac blanc, lac noir, lac vert, lac de Retournemer), il y a toujours une coupure plus ou moins profonde par laquelle le trop-plein du lac s’échappe ; mais on ne voit presque jamais des fissures et des vallées diverger de ces entonnoirs, comme cela a lieu dans les cirques que M. de Buch appelle cratères