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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/332

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de soulèvement. Quelques uns des lacs des Vosges gisent dans le fond des vallées comme ceux de Gérardmer et de Longemer ; mais ils sont toujours dominés par des montagnes très élevées. Les deux que je viens de citer sont les plus considérables de la contrée ; le premier, situé à 666 mètres au-dessus du niveau de la mer, à 35 mètres de profondeur ; le second est à 746 mètres ; l est un peu moins considérable, et sa plus grande profondeur n’est que de 30 mètres. J’ai pris la température du fond de ces lacs plusieurs fois, depuis le mois d’avril jusqu’au mois de novembre, et je l’ai constamment trouvée de 5°75 centigrades, dans les deux, quoiqu’ils ne communiquent point du tout l’un avec l’autre.

13° Enfin, il existe sur la route de Granges, dans la vallée de la Valogne, à une lieue de Gérardmer, une glacière naturelle qui avait encore de la glace au mois de juillet dernier, quoiqu’elle ne fût élevée que de 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, exposée directement aux rayons du soleil cependant la moitié du jour, et que le trou dans lequel la glace se conserve, n’eut que deux mètres de profondeur. Cette glacière est une cavité de 3 mètres de large sur 1 mètre 5 de haut, dans laquelle on entre par une ouverture assez étroite. Elle est située au milieu d’un éboulement de blocs granitiques qui en forment les parois et la voûte. Des courans d’air froids viennent de l’intérieur de la masse éboulée et se répandent dans la glacière. ce dont je me suis assuré en suspendant des plumes à plusieurs ouvertures qui sont dans le fond et sur les parois latérales. Ces courans doivent être le résultat de l’évaporation de l’eau, au milieu des blocs éboulés, dont la surface est échauffée par les rayons du soleil.

J’ai mesuré plusieurs fois la température de cette glacière et voici ce que j’ai trouvé : le 8 juillet, à trois heures du soir dehors, le thermomètre à l’air libre donnait 20° 75, suspendu dans la caverne 1° 75, sur le sol 1° 25, dans la glace 0°. Le 24 septembre il n’y avait plus de glace dans la caverne, à l’air libre et à l’ombre, le thermomètre marquait 16° 75, et placé sur le sol de la glacière 3° 75. Ainsi il y avait une différence de 13° pour 2 mètres seulement de profondeur.

Le 25 octobre, après dix jours de gelée très intense, je retournai à la glacière, il n’y avait pas encore un atome de glace dedans, le thermomètre à l’air libre marquait 2° 75, et o° par le sol de la caverne ; ces faits prouvent que la glace qui s’y trouvait encore au mois de juillet était le résultat et non la cause de l’abaissement de température.