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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/335

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complète de blocs ophiolitiques dans le terrain diluvien, me la ferait rapporter à cette époque géognostique ; mais ces ophiolites étant exactement les mêmes que celles que l’on trouve dans plusieurs autres parties de la France, en Italie, etc., et dont la formation, quoique très moderne, paraît être antérieure à celle du terrain diluvien, je pense qu’il doit en être de même pour celles des Vosges, et que la cause qui les a produites est la même qui a redressé le Muschelkalk et les autres groupes secondaires.

6° Il existe dans les Vosges des roches basaltiques, à Gunders-Hoffen et à Riquewihr, qui doivent appartenir à la même époque d’éruption que les dolérites et les autres roches volcaniques du Kaiser-Stuhl.

C’est, suivant moi, la dernière grande catastrophe qui ait influé sur le relief des Vosges. À cette époque des torrens d’eau acide sont sortis du centre des montagnes, et, entraînant leurs débris, ont formé la grande alluvion de blocs erratiques dont nous avons parlé ; c’est alors que la formation du grès vosgien a été presque entièrement détruite dans la région granitique des Vosges, où il ne reste plus que quelques montagnes isolées pour attester son ancienne existence. Les débris de ce grès se trouvent maintenant former presque à eux seuls, le terrain diluvien qui existe au pied des montagnes des deux côtés de la chaîne des Vosges ; il y en a aussi de mêlés aux blocs granitiques.

9° Cette immense masse de tourbe dont nous avons parlé (n. 11), ne s’est point formée et ne se forme point dans des mares ou des lacs. Chaque hiver, les neiges qui tombent sur les montagnes, aidées par les variations de température, font périr les végétaux, mousses et lichens, qui couvrent le sols Au printemps, une nouvelle végétation s’établit ; elle périt l’hiver suivant, et ainsi de suite. De là, une série de couches de matière inerte, soumises aux lois des décompositions chimiques qui les transforment en tourbe les unes après les autres. En supposant que l’épaisseur moyenne d’une couche annuelle soit de 0 m 0005, celle de la masse de tourbe étant à peu près de 3 mètres, il en résulterait que le commencement de cette formation ne remonte pas au-delà de six mille ans.

En résumant ce que je viens d’exposer dans cette seconde partie, on voit que j’ai reconnu dans la région granitique de la chaîne des Vosges, cinq époques de soulèvement correspondantes à autant d’éruptions de roches ignées : les granites et syénites, les eurites porphyres et diorites, les spilites, les ophiolites, enfin, les basaltes et dolérites,