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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/417

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sans succès. Sur un seul point, il a trouvé un fragment considérable de mâchoire d’hippopotame bien caractérisé, avec des débris d’autres ossemens tout-à-fait méconnaissables, que l’essai chimique a pu seul déterminer comme tels, et que les ouvriers nommaient avec une sorte de justesse des os pourris. Le tout était situé à plus d’un mètre de profondeur, dans l’argile, et reposait presque immédiatement sur le sol de calcaire oolitique, dans un resserrement ou une sorte de rigole étroite, formée en cet endroit par deux relèvemens de la roche du sol, disposition qui semble indiquer que les ossemens, entraînés par un courant d’eau, ont été arrêtés par ce resserrement des parois inférieures du canal dans lequel ils étaient charriés.

« M. Virlet rappelle a ce sujet, qu’il a déjà signalé, à l’occasion de son mémoire sur la caverne de Sillaka, dans l’île de Termia, caverne entièrement creusée dans des micaschistes, des schistes argileux et talqueux, etc. (voyez. Bulletin, t. II, p. 330), un phénomène intéressant : celui des Katavothrons, ou gouffres par où s’échappent les eaux des grandes plaines fermées de la Morée et de la Grèce continentale, qui vient tout-à-fait à l’appui de l’opinion de M. Prévost ; les courans souterrains vont ensuite, quelquefois à de très grandes distances, former des sources très remarquables appelées Kéfalo-Vrisi (tête de source), dont plusieurs donnent naissance aux principaux fleuves du pays. Il regarde ces canaux souterrains comme autant de cavernes à ossemens, dont le dépôt limoneux ossifère se forme encore tous les jours. Ayant pu pénétrer jusqu’à une certaine distance dans quelques uns de ces katavothrons, il les a trouvés formés de salles, plus ou moins grandes, communiquant par des couloirs plus étroits, à la manière des cavernes ordinaires, et il a reconnu des limons récens, contenant des débris de plantes et d’ossemens des animaux qui vivent dans le voisinage, quelquefois mêlés à des ossemens humains qui sont fréquemment répandus à la surface du sol, depuis les guerres meurtrières dont cette contrée a été, dans ces derniers temps, le théâtre. Tous ces débris y sont amenés à l’époque des pluies torrentielles et presque intertropicales, très fréquentes pendant les deux ou trois mois qui forment ce qu’on appelle l’hiver de la Grèce. Si ces cavernes venaient à être abandonnées par les eaux, elles pourraient très bien servir de retraite à des animaux carnassiers qui y viendraient accumuler un autre dépôt de débris organisés bien différent du premier, et qui pourrait contenir avec