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Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/10

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même qui le croyaient coupable, ce respect involontaire et irrésistible qu’inspire toujours la fermeté du caractère, faisait naître un intérêt puissant en sa faveur, et chacun, sans se douter de ce qu’il éprouvait, se laissait aller à l’espérance d’un acquittement.

Un témoin, Houseman, fut appelé. Il était impossible de le regarder sans ressentir un mouvement de méfiance et une secrète antipathie. Chez les hommes enclins à la cruauté, on trouve presque toujours dans la physionomie un trait qui rappelle quelque animal. L’assassin et le débauché ont souvent la même conformation physique ; le cou de taureau, les lèvres épaisses, le front fuyant, l’œil remarquable par son expression sauvage et son extrême mobilité, tous ces détails qui vous font penser à l’aspect que présente un buffle au moment même où il va devenir dangereux, sont les signes extérieurs qui annoncent une nature animale dans sa rudesse, quand rien n’a pu l’adoucir, l’apprivoiser, la discipliner, une nature qui ne connaît que les impulsions premières, et n’obéit qu’à ces impulsions, soit qu’elles lui commandent le plaisir, ou qu’elles demandent un acte de violence. Et cette expression animale était gravée profondément dans tous les traits de la physionomie de cet homme, où elle était encore accentuée par je ne sais quoi qui indiquait une intelligence bornée et une certaine lâcheté de caractère.

Il prit la parole, et d’une voix hésitante, entrecoupée, celle d’un complice qui pour sauver