Aller au contenu

Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tention. C’était la Cour qui faisait son entrée. Le premier témoin parut, prêta serment, et enfin ce fut le tour d’Aram, qui fut conduit à la barre des accusés.

Lester et ses deux filles voyaient enfin le prisonnier. Madeleine éprouva un violent battement de cœur. Mais aussitôt, poussant un profond soupir, elle se remit, et resta immobile, calme, fixant ses yeux sur la figure d’Aram. La contenance du jeune homme était celle qu’il fallait pour rendre du courage à Madeleine, et ajouter un sentiment d’orgueil à la sympathie profonde qu’elle éprouvait, avec une sorte d’élan, de spasme lancinant. Sans doute, on apercevait sur la physionomie du jeune homme quelques traces incontestables de ses souffrances ; la bouche surtout, autour de laquelle l’inquiétude écrit le plus profondément ses alternatives, était restée plissée de rides ; quelques cheveux gris apparaissaient déjà parmi les boucles brunes et ondoyantes de son épaisse chevelure ; avant son emprisonnement, il paraissait beaucoup plus jeune qu’il ne l’était réellement, mais depuis, on eût aisément cédé à l’illusion contraire, pour lui donner plusieurs années de plus, mais l’éclat particulier et si remarquable de son regard n’avait rien perdu de sa force ; son vaste front était resté blanc : il ne présentait pas l’ombre d’une ride, et gardait toujours son air calme et imposant. Avec sa haute taille, sa sérénité impassible, il dominait la foule, la scène, le juge, promenant son regard devant lui et autour de lui. Parmi ceux-là