Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/28

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Aram ne leva pas les yeux lorsque Walter Lester entra. Et le jeune homme était devant lui, le touchait presque avant qu’il se doutât de sa présence. Alors il se redressa, tous deux se regardèrent un instant face à face, sans échanger un mot. À la fin Walter dit d’une voix sourde :

— Eugène Aram !

— Hé bien !

— Madeleine Lester n’est plus.

— On me l’a appris. Je suis résigné. Mieux vaut maintenant que plus tard.

— Aram, dit Walter dont la voix tremblait d’émotion, et en lui serrant passionnément la main, je vous en prie, je vous en supplie, en ce moment terrible, il est en votre pouvoir d’ôter de mon cœur un poids qui l’écrase, et qui ne saurait y rester sans faire de moi pour toute ma vie un homme digne de pitié. Je vous en prie, au nom de l’humanité, au nom de vos espérances célestes, ôtez ce poids qui pèse sur moi. Le temps est passé où votre refus d’avouer pouvait changer votre destinée, vos jours sont comptés, et il ne vous reste aucun espoir de vous sauver. Je vous en supplie, si vous avez été entraîné, je ne sais où ni en quel moment, à exécuter le crime pour la punition duquel vous êtes condamné à mort, dites-moi un mot, un seul mot d’aveu, et moi, le fils unique de l’homme que vous avez tué, je vous pardonnerai du fond de mon cœur.

Walter s’arrêta, ne pouvant dire un mot de plus.

Aram fronça les sourcils à plusieurs reprises,