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Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/29

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se détourna, ne répondit pas ; sa tête retomba sur sa poitrine, et ses yeux restèrent fixés sur le sol.

— Réfléchissez, reprit Walter, en reprenant possession de lui-même, j’ai été l’instrument muet dont le destin s’est-servi pour vous conduire où vous êtes. Soyez compatissant, Aram, ayez pitié. Si cette action terrible a été exécutée de votre main, dites-moi un mot, un seul mot pour dissiper l’horrible incertitude qui pèse sur moi, sur tout mon être. Qu’est-ce que le monde, qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que l’opinion, pour vous ! Dieu seul vous jugera en dernier ressort. L’œil de Dieu lit dans votre cœur au moment même où je prononce ces paroles, et dans cette heure redoutable où les portes de l’Éternité vont s’ouvrir devant vous, si cette action coupable a été réellement votre œuvre, songez combien votre faute sera atténuée, si vous triomphez de l’endurcissement de votre cœur, et si vous soulagez ainsi un être humain qui sans cela serait condamné à une existence maudite. Aram, Aram ! si c’est vous qui avez frappé le père, faut-il que la vie du fils lui devienne un fardeau insupportable grâce à vous encore ?

— Que voulez-vous de moi ? parlez, dit Aram, sans relever la tête.

— Il y a dans votre naturel bien des choses qui contredisent la possibilité de ce crime : vous êtes réfléchi, calme, bienfaisant envers les affligés. La rancune, la passion, — oui, le dirai-je, les angoisses de la faim peuvent vous