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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 1.djvu/249

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pièce et en éclairait jusqu’au plus petit recoin. Il promena autour de lui des regards stupéfaits : les oiseaux avaient quitté la cage.

« Ont-ils donc passé par le trou de la serrure ? Ah ! je le vois ! la fenêtre est ouverte. » La fenêtre était au rez-de-chaussée. M. Avenel, dans son emportement, avait oublié ce facile mode de sortie.

« Bon, se dit-il en se laissant tomber sur un fauteuil, j’entendrai bientôt parler d’eux, j’imagine. Ils auront bien assez tôt besoin de mon argent. »

En ce moment il aperçut sur la table une lettre non cachetée : il l’ouvrit et il en tomba plusieurs bank-notes dont le montant s’élevait à cinquante livres ; les quarante-cinq billets de la veuve et un billet neuf, banque d’Angleterre, qu’il avait récemment donné à Léonard. La lettre contenait ces lignes :

« Je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour celui que vous regardiez comme un objet de votre charité. Ma mère et moi nous vous pardonnons ce qui s’est passé. Je m’éloigne avec elle. Vous m’avez demandé de faire mon choix, je l’ai fait.

« Léonard Fairfield. »

Le papier tomba des mains de Richard et il resta un moment muet et repentant. Il reconnut bientôt cependant qu’il ne lui restait d’autre remède que de se mettre en colère.

« Il n’y a pas au monde, s’écria Richard en frappant violemment du pied, de gens plus désagréables, plus insolents, plus ingrats que les parents pauvres !… Je m’en lave les mains. »


CHAPITRE XXXVIII.

Après s’être échappés de la prison où les avait renfermés M. Avenel, Léonard et sa mère s’étaient dirigés vers une petite auberge située à quelque distance de la ville et sur le bord de la grande route. Un bras passé sous celui de sa mère, Léonard soutenait ses pas chancelants et cherchait à calmer sa douleur. La pauvre femme éprouvait un cruel remords à la pensée du tort que sa visite avait fait au jeune homme. Le lecteur a sans doute déjà deviné que le chaudronnier était la cause première de la tournure critique qu’avaient prise les affaires de son ancien client.

De retour à Hazeldean, le chaudronnier s’était hâté d’aller faire part à mistress Fairfield de son entrevue avec Léonard. Quand il eut compris qu’elle ignorait le séjour de son fils sous le toit de son oncle, le malicieux vagabond avait si fortement frappé l’esprit de la