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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/171

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tilhomme campagnard doive désirer de voir épouser à son fils… oui ou non ?

— Non, en vérité, dit Egerton gravement, et j’espère que votre fils ne fera pas une pareille folie. Est-ce lui que vous voulez que je voie ou bien elle ? Parlez, mon cher William, que désirez-vous de moi ?

— Rien ; ce que vous avez dit me suffit, » répliqua le squire d’un air sombre, et sa tête se pencha sur sa poitrine.

Audley lui prit la main qu’il serra fraternellement. « William, dit-il, nous sommes depuis longtemps étrangers l’un à l’autre, mais je ne saurais oublier que la dernière fois que nous nous sommes vus chez lord Lansmere, lorsque je vous pris à part pour vous dire : « William, si j’échoue dans cette élection, il me faudra renoncer à tout espoir d’une carrière politique ; mes affaires sont embarrassées ; je n’accepterai point d’argent de vous, mais j’aurai recours à une profession, et en cela vous pouvez m’être utile ; » vous devinâtes aussitôt ma pensée et vous me dites : « Faites-vous homme d’Église, le bénéfice d’Hazeldean est vacant, j’y mettrai quelqu’un en attendant que vous soyez ordonné. » Je n’oublie pas cela. Plût à Dieu que j’eusse songé tout d’abord à ce paisible refuge contre tout ce qui me tourmentait alors, mon sort eût sans doute été plus heureux. »

Le squire regardait Audley avec une surprise qui domina un instant ses pénibles émotions.

« Plus heureux ! Mais tout vous a réussi, et maintenant vous êtes riche et… Vous secouez la tête. Mon frère ! serait-il possible que vous eussiez besoin d’argent ? — Quoi ! — n’en accepteriez-vous pas du fils de votre mère ? Mais c’est une absurdité ! » Et le squire ouvrit son portefeuille. Audley le referma doucement. J’ai assez pour moi, dit-il, mais puisque vous me parlez si affectueusement, je vous demanderai une grâce. Si je mourais avant d’avoir, comme je le voudrais, pu établir le jeune parent de ma femme, Randal Leslie, voudriez-vous l’aider dans sa carrière, autant qu’il vous serait possible sans faire tort à d’autres… à votre fils ?

— Mon fils ! il est pourvu, il a la propriété du Casino. Grand bien lui fasse ! Vous avez justement mis le doigt sur ce qui m’amène ici. Ce Randal Leslie me semble un digne garçon, et il a dans les veines du sang d’Hazeldean. Vous vous intéressez à lui parce qu’il était parent de votre femme. Pourquoi ne ferais-je pas de même, alors que sa grand’mère était une Hazeldean ? Mon but principal, en venant vous voir, était de vous demander ce que vous comptez faire pour lui ; si vous ne pourvoyez à son établissement, je me regarderai comme obligé en conscience de m’en charger. Votre requête arrive donc à propos ; je songe à modifier mon testament. Je peux lui substituer une partie de mes domaines et lui léguer en outre une bonne somme d’argent. Vous m’assurez que c’est un brave garçon et que cela vous fera plaisir, Audley ?

— Pourvu toutefois que ce ne soit pas aux dépens de votre fils. — Un instant, William. — À propos de cet absurde mariage avec