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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/174

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ron Lévy de m’accompagner chez M. Egerton afin qu’il lui expliquât en particulier…

— Le baron Lévy ! interrompit le Squire. Lévy, Lévy ; mais j’ai entendu parler d’un Lévy qui a ruiné le pauvre Thornhill, un usurier ! un prêteur sur gages, est-ce là l’homme qui connaît les affaires de mon fils ? Je m’en vais bientôt le savoir. »

Randal prit le bras du squire : « Arrêtez, arrêtez, je vous en conjure. Si vous voulez connaître réellement l’état des affaires de Frank, il ne faut pas vous adresser directement au baron comme le père de son client, il ne vous répondrait pas. Mais si je vous présente à lui simplement comme une personne de ma connaissance et que je mette la conversation sur Frank (ces sortes de choses à Londres n’étant jamais tenues secrètes, excepté pour les parents des jeunes gens), je ne doute pas qu’il ne parle ouvertement.

— Arrangez cela comme vous l’entendrez. » Randal prit le bras de M. Hazeldean et se rapprocha de Lévy. « Un de mes amis qui arrive de la campagne, baron, dit-il. » Lévy salua profondément et tous trois se remirent à marcher lentement.

« À propos ! fit Randal pressant significativement le bras de Lévy, mon ami est venu à Londres, avec la mission peu agréable de régler les dettes d’un autre, d’un jeune homme à la mode, son parent. Personne, monsieur (se tournant vers le squire) n’est plus propre à vous aider dans un arrangement de cette sorte que le baron Lévy.

Le baron. (Modestement et d’un air de moraliste). J’ai quelque expérience en ces matières et je me fais un devoir d’aider les parents et les amis des jeunes gens qui faute de réflexion, se ruinent souvent pour toute leur vie. J’espère que le jeune homme en question n’est pas entre les mains des juifs ?

Randal. Les chrétiens sont tout aussi désireux de trouver un bon intérêt de leur argent que peuvent l’être les juifs.

Le baron. C’est vrai ; mais ils n’ont pas toujours autant d’argent à prêter. La première chose à faire, monsieur (se tournant vers le squire) c’est de racheter tous les billets de votre parent qui peuvent se trouver en circulation. Nous les obtiendrons probablement à bon compte à moins que le jeune homme ne soit héritier de quelque propriété qui doive lui appartenir prochainement selon le cours de la nature.

Randal. Oh ! non, pas prochainement ; son père est encore jeune et vigoureux (appuyant sur le bras de Lévy), et quant aux post-obit

Le baron. Les post-obit sur bonne garantie coûtent davantage à racheter, quelque bien portant que soit le parent.

Randal. J’aime à croire qu’il n’y a pas beaucoup de fils capables de spéculer ainsi de sang froid, sur la mort de leur père.

Le baron. Ah ! ah ! On voit qu’il est jeune, notre ami Randal.

Randal. Je ne suis pas plus scrupuleux qu’un autre, sans doute, et je me suis souvent trouvé serré de près, mais j’irais pieds nus plutôt que de donner des garanties sur le tombeau de mon père. Je n’imagine rien de plus propre à détruire les sentiments de la nature,