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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/384

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béante. « Rickey-bockey duc ! Jemima est donc duchesse alors ! Dieu me pardonne, la voilà qui pleure ! » Et son bon cœur le fit courir auprès de sa cousine pour tâcher de la consoler un peu.

Violante jeta un coup d’œil vers Harley, puis s’élança dans les bras de son père. Randal se leva involontairement et se rapprocha du duc.

« Et vous, monsieur Randal Leslie, continua Harley, bien que vous ayez échoué dans votre élection, vous avez devant vous un tel avenir de fortune et de bonheur que je n’aurai à vous offrir que des félicitations, pourvu toutefois que vous n’ayez pas perdu le droit de réclamer la promesse que vous a faite le duc de Serrano. Vous m’avez offert de dissiper certains doutes restés dans mon esprit. Le duc m’a permis de vous faire quelques questions, et je vais maintenant profiter de l’offre que vous m’avez faite d’y répondre.

— Maintenant ? Ici, milord ? dit Randal en regardant autour de lui, comme intimidé par la présence de si nombreux témoins.

— Maintenant et ici. Ceux qui sont présents ne sont pas aussi étrangers à vos explications que le ferait croire votre question. Monsieur Hazeldean, la plupart des questions que je vais adresser à M. Leslie se trouvent concerner votre fils. »

Randal pris d’un mouvement nerveux changea de visage.

« Mon fils ! Frank ? Oh ! alors Randal ne demandera pas mieux que de s’expliquer. Parle, mon ami. »

Mais Randal garda le silence. Le duc regarda sa physionomie contractée, et éloigna de lui son fauteuil.

« Jeune homme, pouvez-vous hésiter ? dit-il. On exprime un doute qui touche à votre honneur.

— Mort de ma vie ! cria le squire, regardant aussi l’œil effaré de Randal et ses lèvres tremblantes. Qu’est-ce qui te fait peur ?

— Peur ! répéta Randal, avec un rire forcé. Moi ?… Peur ?… Et de quoi ? Je me demandais seulement ce que voulait dire lord L’Estrange.

— Je vais répondre à votre question. Monsieur Hazeldean, votre fils vous a offensé, d’abord par les propositions de mariage qu’il a faites à la marquise di Negra sans votre consentement ; ensuite par un post-obit qu’il a signé au baron Lévy. M. Randal Leslie vous a-t-il donné à entendre qu’il s’était opposé au mariage en question ou qu’il l’avait favorisé ? Qu’il avait blâmé ou approuvé le susdit post-obit ?

— Comment, mais bien entendu s’écria le squire, qu’il s’était opposé à l’un et à l’autre.

— En est-il ainsi, monsieur Leslie ?

— Milord, fit Randal, je… je… Mon affection pour Frank et mon estime pour son respectable père… je… je… puis, reprenant courage, il continua d’une voix ferme. J’ai certainement fait tout mon possible pour dissuader Frank du mariage, et quant au post-obit, j’ignore tout ce qui y a rapport.

— Laissons cela pour le moment. Arrivons à ce qui concerne votre