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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/388

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du comte avec la signora et le mariage de sa sœur avec M. Hazeldean m’eussent permis de prêter à M. Leslie la somme nécessaire à cette acquisition.

— Quoi ! quoi ! s’écria le squire, boutonnant rapidement sa poche d’une main, tandis que de l’autre il saisissait le bras de Randal. Le mariage de mon fils avec la signora ! Tu t’y serais prêté ! N’aie donc pas l’air d’un chien fouetté ! Parle comme doit faire un homme, si tu es un homme.

— S’y prêter, mon bon monsieur ! dit le comte. Supposez-vous donc que la marquise di Negra fût descendue à s’allier avec un M. Hazeldean…

— Descendue ! un Hazeldean d’Hazeldean ! s’écria le squire à demi suffoqué par l’indignation.

— Si elle n’eût auparavant été forcée par les circonstances, continua imperturbablement le comte, de faire à ce M. Hazeldean l’honneur d’accepter un service pécuniaire dont elle n’avait aucun autre moyen de s’acquitter ? Eh, monsieur, la famille Hazeldean a, je dois l’avouer, de grandes obligations à M. Leslie, car c’est lui qui a le plus fortement représenté à ma sœur la nécessité de cette mésalliance, et c’est, je crois, lui aussi qui a suggéré à mon ami le baron la manière de mettre Hazeldean à même de rendre à ma sœur le service qu’elle a daigné accepter.

— Comment, la manière ! le post-obit ! » s’écria le squire, lâchant Randal pour saisir le bras de Lévy.

Le baron haussa les épaules : « Tout ami de M. Hazeldean lui eût conseillé cet acte comme le moyen le plus économique de se procurer de l’argent. »

M. Dale, qui d’abord avait été plus choqué que personne en entendant révéler les perfidies de Randal, tournant maintenant ses regards vers le jeune homme, fut saisi d’une telle compassion à la vue de son visage bouleversé, qu’il posa la main sur le bras d’Harley, et lui dit à voix basse : « Regardez cette physionomie ! et il est si jeune ! Épargnez-le, je vous en conjure !

— Monsieur Leslie, dit Harley d’un ton adouci, croyez que le besoin d’éclairer mon ami le duc de Serrano, d’éclairer aussi mon jeune ami M. Hazeldean, m’a seul contraint à remplir un si pénible devoir. Terminons ici toute enquête, messieurs, je vous en prie.

— Et, dit le comte avec une exquise affabilité, puisque lord L’Estrange m’a fait l’honneur de me dire queM. Leslie a présenté comme un acte sérieux de sa part cette provocation que je croyais n’être qu’un arrangement amiable faisant partie du plan qui a échoué, j’assure M. Leslie que, s’il ne se trouve pas satisfait du regret que j’exprime ici de la part qu’il m’a fallu prendre à ces révélations, je suis complètement à ses ordres.

— Paix, homicide ! » s’écria le curé en frémissant ; et il se glissa près du coupable, dont tous les autres s’étaient éloignés avec horreur.