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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/26

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ville d’une part, et de l’autre la résolution que Tyrrell avait montrée le soir précédent, je ne savais à quel sentiment autre que la peur rapporter sa conduite actuelle. Au surplus je m’empressai de faire porter l’une et l’autre lettre à Glanville avec un mot de ma main, pour lui dire que je le verrais dans une heure.

Lorsque je me présentai chez lui, son valet de chambre me dit qu’aussitôt ma lettre reçue il était sorti précipitamment en disant seulement qu’il ne rentrerait pas de toute la journée. Le soir même il devait faire une motion importante à la chambre. Il avait écrit une lettre dans laquelle il prétextait une maladie grave et subite et priait un autre membre de son parti de prendre la parole à sa place. Lord Dawton fut au désespoir, la motion fut rejetée à une grande majorité ; les journaux ne furent remplis pendant toute une semaine que de quolibets et de plaisanteries fâcheuses contre les Whigs. Jamais ce malheureux parti n’avait été réduit à un tel état d’abaissement ; jamais il n’avait paru plus dépourvu de toutes chances d’arriver au pouvoir. Ils étaient anéantis, nominis umbra.

Le huitième jour après la disparition de Glanville, il arriva tout-à-coup dans le cabinet, un événement qui mit tout le pays en émoi ; les Tories en tremblèrent jusqu’à la semelle de leurs pantoufles et virent avec effroi osciller leurs sinécures et leurs fructueux emplois. Tous les yeux se tournaient vers les Whigs et le hasard sembla leur donner en un instant ce que tous leurs efforts, toute leurs éloquence, tout leur art avaient été impuissants depuis plusieurs années à faire considérer même comme une éventualité éloignée.

Il y avait dans l’État un parti fort quoique secret qui se cachait sous un nom général mais qui travaillait avec un but personnel et croissait en nombre et en influence sans qu’on y prît garde. Parmi les chefs de ce parti était lord Vincent. Dawton qui le craignait et en était jaloux, considérait la lutte comme engagée plutôt entre eux deux que de Whigs à Tories. Il s’efforçait pendant qu’il en était encore temps, de grouper autour de lui une troupe d’alliés capables, dans le cas où le conflit aurait lieu, de lui assurer