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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/28

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CHAPITRE LXI


J’aurais dû dire que, le lendemain du jour où j’avais fait remettre la lettre de Tyrrell à Glanville, j’avais reçu de lui en réponse un billet très-court et écrit à la hâte, dans lequel il me disait qu’il avait quitté Londres pour se mettre à la poursuite de Tyrrell et qu’il n’aurait point de repos qu’il ne l’eût contraint à lui rendre raison. Activement engagé comme je l’étais depuis quelque temps au milieu du tumulte des événements politiques, je n’avais pas eu le loisir de songer beaucoup à Glanville, mais lorsque je me trouvai seul dans ma voiture, la pensée de cet être singulier et du mystère qui planait sur sa conduite, s’empara de vive force de mon esprit, en dépit de la préoccupation où devait me jeter l’importante mission que j’allais accomplir.

J’étais mollement couché dans ma voiture, à un relai, c’était à Ware, je crois, lorsqu’une voix dont le souvenir se reliait à l’objet de mes méditations, vint frapper mon oreille. Je regardai à la portière et vis Thornton vêtu avec cette bizarre recherche qu’il affectionnait : culottes collantes et bottes à l’écuyère. Il fumait un cigare, tenait à la main un verre de grog, et exerçait ses talents oratoires dans un langage mêlé d’argot et de termes de jockeys, en s’adressant à deux ou trois hommes de son espèce qui paraissaient ses camarades. Ses yeux perçants m’eurent bientôt découvert et il s’élança à la portière de ma voiture avec cette assurance imperturbable qui lui était particulière.

« Ah ! ah ! monsieur Pelham, me dit-il, vous allez à