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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/33

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CHAPITRE LXII


Je ne quittai ma chambre que lorsque le premier coup de cloche avait déjà retenti depuis assez longtemps pour que je pusse me bercer du doux espoir de ne pas trop attendre dans le salon, le moment le plus solennel de la vie civilisée, celui du dîner. Mes manières sont naturellement aisées et franches, mais je me pique de savoir prendre à l’occasion un certain air qui tient les gens à distance et défie toute impertinence. Ce jour-là je pris une double dose de dignité en entrant dans ce salon que j’étais sûr de ne pas trouver rempli de gens disposés à m’admirer. Il y avait quelques dames groupées autour de lady Chester et comme la vue du beau sexe a le don de me rendre toute mon assurance, je me dirigeai de ce côté.

Jugez de ma joie lorsque je découvris, au milieu de ce groupe, lady Harriett Garrett. Il est vrai que je n’avais pas une grande prédilection pour cette dame, mais la vue d’une négresse de connaissance eût été saluée par moi avec enthousiasme dans un lieu si désolé et si inhospitalier. Le plaisir que j’eus de voir lady Harriett me parut réciproque. Elle me demanda si je connaissais lady Chester, et comme je lui dis que non, elle me présenta immédiatement à cette dame. Dès ce moment je me trouvai comme chez moi, je repris possession de mes moyens, et je mis tout en œuvre pour être aussi charmant que possible. Quand on est jeune, essayer c’est réussir.

Je fis un récit animé de la bataille des chiens, entremêlé