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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/66

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nous assura que le mal était grave, et que ce que j’avais de mieux à faire c’était de ramener tout doucement l’animal à la maison.

Comme Tyrrell exprimait vivement son mécontentement de cet avis, l’escroc le regarda avec une expression qui ne me plut pas du tout ; puis, d’un ton très-civil et presque respectueux, il lui dit : « Si vous voulez, sir John, rentrer à Chester-Park avant M. Pelham, venez avec nous, nous vous montrerons le chemin. » (Voilà qui est joli, me dis-je, de vouloir me laisser là tout seul chercher mon chemin au milieu de ce labyrinthe rempli de pierres et de fondrières !) Cependant Tyrrell qui était de fort mauvaise humeur, refusa leur offre, d’une façon peu courtoise, ajoutant qu’il resterait avec moi aussi longtemps qu’il le pourrait et que lorsqu’il me quitterait il était probable qu’il trouverait bien son chemin tout seul. Thornton le pressa vivement d’accepter son offre, lui disant même sotto voce que si c’était Dawson qui le gênait, il l’en débarrasserait, en l’envoyant devant.

« Je vous prie, monsieur, lui dit Tyrrel, de me laisser tranquille et d’aller à vos affaires. » À cette réponse aigre, Thornton jugea qu’il était inutile de rien ajouter ; il remonta à cheval et nous faisant un salut muet, d’un air de familiarité, il se remit en route avec son compagnon.

« Je suis fâché, dis-je, lorsque nous nous fûmes remis à marcher au pas, que vous ayez refusé l’offre de Thornton.

— Oh ! à dire la vérité, répondit Tyrrell, j’ai si mauvaise opinion de lui que j’étais tout à fait effrayé de l’idée de me trouver seul avec lui dans un chemin aussi désert et aussi sombre que celui-ci. J’ai sur moi (et il le sait) environ deux mille livres, car j’ai eu assez de bonheur dans mes paris de course aujourd’hui.

— Je n’entends rien aux habitudes de course, lui dis-je, mais je croyais que des sommes aussi importantes que celle-là ne se soldaient jamais sur le terrain même.

— Ah, répondit Tyrrell, c’est que j’ai gagné là-dessus, dix-huit cents livres à un cultivateur de Norfolk qui m’a dit qu’il ne savait pas quand il pourrait me revoir et a insisté pour me payer sur le champ. Ma foi ! je n’ai pas fait