Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/12

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on vint lui demander de ses nouvelles, il répondit qu’il allait de mal en pis, et répéta tout ce qu’il avait déjà dit la veille. Mais bien loin de faire quelque impression sur ceux qui l’entouraient, ses discours ne firent que les irriter. Chacun se persuada bientôt que le véritable moyen de guérir la maladie de son esprit, c’était de le traiter avec dureté et mépris ; en sorte que tantôt on se moquait de lui, tantôt on le reprenait sévèrement, et tantôt, enfin, on affectait de le négliger tout-à-fait, et de ne plus se mettre en peine de lui. Quant à lui, il se retirait dans sa chambre pour prier pour ceux qui le maltraitaient, et pour déplorer sa propre misère ; ou bien il allait se promener seul dans la campagne, tantôt lisant, tantôt priant. Plusieurs jours s’écoulèrent de cette manière, Or, un matin qu’il se promenait ainsi solitairement, les yeux fixés, comme à l’ordinaire, sur son livre, il parut tout à coup fort troublé, et s’écria à haute voix, comme auparavant : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé »[1]  ?

Puis il regarda de côté et d’autre, comme un homme qui cherche à fuir, et cependant il restait immobile, ne sachant quel chemin prendre. Alors, un homme appelé Évangéliste s’approcha de lui, et lui demanda pourquoi il se plaignait si amèrement. Monsieur, répondit Chrétien (c’était le nom de cet homme), je vois, par le livre que je tiens à la main, que je suis condamné à mourir[2], et qu’il me fau-

  1. Act. XVI, 30.
  2. Heb. IX, 27.