Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/157

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Comment vous nommez-vous ? lui demanda alors Chrétien. Ne vous ai-je pas appelé par votre véritable nom ?

Oui, mon nom est Démas ; je suis fils d’Abraham.

Chrétien. Je vous connais bien. Votre grand-père s’appelait Guéhazy, et votre père Judas, et vous avez marché sur leurs traces : votre père a subi le supplice des traîtres, et vous ne méritez pas un meilleur sort[1]. Soyez sûr que quand nous serons en présence de notre maître, nous ne manquerons pas de l’instruire de votre conduite. Après cette menace, ils continuèrent leur route.

Dans ce moment M. Cherche-Profit et ses compagnons de voyage parurent à quelque distance ; et au premier signe que leur fit Démas, ils allèrent à lui. Mais soit que le pied leur ait manqué sur le bord du précipice, ou qu’ils soient descendus dans la mine pour la fouiller, ou enfin qu’ils aient été étouffés par les vapeurs qui s’en élèvent, ils ne reparurent pas, et on ne les a jamais revus depuis sur la route de la Cité céleste.

Quand les pèlerins eurent atteint l’extrémité de la plaine, ils virent à côté du chemin un vieux monument dont la forme singulière les surprit beaucoup : on aurait dit que c’était une femme changée en statue. Ils s’arrêtèrent pour considérer ce monu-

  1. 2 Rois V, 20-27. Mat. XXVI, 14, 15 ; XXVII, 3-6.