Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/182

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gnon : Cette rencontre me rappelle ce qui est arrivé non loin d’ici à un homme de bien. Il s’appelait Petite-Foi, mais il avait de la piété, et il habitait la ville de la Sincérité. Voici son histoire. A l’entrée de la route que nous suivons, aboutit un autre chemin, qui part de la Porte de la Voie large ; il a été appelé, à cause des meurtres qui s’y commettent fréquemment, la Voie de la Mort. Petite-Foi ayant entrepris, comme nous, le pélérinage de la Cité céleste, s’arrêta dans ce chemin, s’assit et s’endormit. Trois déterminés coquins, trois frères, qui se nommaient Lâche, Méfiant et Coupable, et qui venaient de la Porte de la Voie large, ayant aperçu de loin Petite-Foi, se précipitèrent sur lui au moment où celui-ci, se réveillant, se disposait à continuer sa route, et lui commandèrent, avec de grandes menaces, de s’arrêter. Petite-Foi commença à trembler de tous ses membres, et se sentit également incapable de fuir ou de combattre. Alors Lâche lui demanda sa bourse, et comme il ne se pressait pas de la donner, Méfiant courut à lui, et fouillant dans ses poches, en tira une bourse pleine d’argent. Petite-Foi se mit à crier : au voleur ! et aussitôt Coupable le frappa sur la tête avec une masse qu’il avait à la main ! Le coup fut si terrible qu’il l’étendit à terre couvert de sang et à moitié mort. Enfin les voleurs, entendant venir quelqu’un, et craignant que ce ne fût un certain Grande-Grâce de la ville de Bonne-Confiance, s’enfuirent, laissant Petite-Foi se tirer d’affaire comme il le pourrait. Quand il