Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/188

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mains. Ces trois coquins se jetèrent sur moi ; et dès que je commençai à leur résister, comme tout Chrétien doit le faire, ils appelèrent au secours, et leur maître parut. Je vous assure que dans ce moment-là, j’aurais donné ma vie pour une obole ; mais, par la grâce de Dieu, mes armes se trouvèrent à l’épreuve de leurs coups ; et pourtant, quoique revêtu d’une armure divine, j’eus bien de la peine à me défendre courageusement. Personne, soyez-en sûr, ne peut savoir ce que c’est que cette lutte, que celui qui la lui-même soutenue.

Grande Espoir. Cependant, vous savez qu’ils prirent immédiatement la fuite, quand ils crurent que Grande-Grâce approchait.

Chrétien. Oui ; non seulement les serviteurs, mais le maître même, ont souvent fui à son approche ; et il ne faut pas s’en étonner, car Grande-Grâce est le Champion du Roi. Mais vous n’ignorez pas, mon frère, qu’il y a bien de la différence entre Petite-Foi et Grande-Grâce. Tous les sujets du Roi ne sont pas ses champions ; et ils ne peuvent pas tous combattre aussi vaillamment les uns que les autres. Un petit enfant aurait-il pu terrasser Goliath, comme le fit David ? Un roitelet peut-il avoir la force d’un taureau ? — Les uns sont forts et les autres faibles ; les uns ont beaucoup de foi, les autres en ont peu ; cet homme était du nombre des faibles ; et voilà pourquoi il succomba bientôt.

Grand-Espoir. Je voudrais que ces méchants garnements eussent eu affaire à Grande-Grâce.