Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/44

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dis que nous n’éprouvons pour les autres que de l’éloignement.

L’Interprète prit ensuite Chrétien par la main, et le mena dans un lieu où il y avait un grand feu allumé contre une muraille ; quelqu’un, qui se tenait debout à côté du feu, y versait continuellement de l’eau pour l’éteindre ; mais il avait beau faire, le brasier devenait de plus en plus ardent, et les flammes s’élevaient toujours plus haut.

Que signifie cela ? dit Chrétien.

Ce feu, répondit l’Interprète, représente l’œuvre de la grâce dans le cœur de l’homme ; celui qui y verse de l’eau dans l’espoir de l’éteindre, c’est le Diable ; mais vous allez voir comment il se fait qu’en dépit de tous ses efforts, le feu ne cesse pas de s’étendre et de devenir plus ardent. Là-dessus l’Interprète mena Chrétien derrière la muraille, où il vit un homme qui tenait un vase plein d’huile dont il versait continuellement, mais en cachette, sur le feu.

Veuillez m’expliquer ceci, dit Chrétien.

C’est Christ qui est ici représenté, répondit l’Interprète. Il répand sans cesse l’huile de sa grâce dans le cœur pour continuer l’œuvre qu’il y a commencée. Voilà pourquoi la grâce règne et triomphe dans l’ame des rachetés de Christ, malgré tous les efforts du Diable pour s’y opposer. Si cet homme se tient derrière la muraille pour entretenir le feu, c’est afin de nous apprendre qu’il est difficile pour celui qui est exposé à de grandes tentations de comprendre comment l’œuvre de la grâce s’accomplit en lui.