Page:Bunyan - Le pelerinage du chretien a la cite celeste.djvu/90

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s’était servi avec tant de succès contre Apollyon lui était inutile. Il la remit donc dans le fourreau, et eut recours, pour se défendre, à cette autre arme appelée la prière continuelle[1]. Je l’entendis crier : « Je te prie, Éternel, délivre mon ame »[2] Il marcha ainsi pendant long-temps ; mais à chaque instant il lui semblait qu’il allait devenir la proie des flammes ; il entendait des cris lamentables et des bruits affreux, de sorte qu’à tout moment il craignait d’être mis en pièces ou foulé aux pieds, comme la balayure des rues. Cet horrible spectacle fut sous ses yeux, et ces sons effrayants frappèrent ses oreilles pendant plusieurs heures. Parvenu dans un endroit où il crut entendre une troupe d’ennemis venir à sa rencontre, il s’arrêta, et se mit à réfléchir sur ce qu’il avait de mieux à faire : il était presque tenté de retourner ; mais se rappelant qu’il avait déjà traversé plus de la moitié de la vallée, et qu’il avait échappé à de grands dangers ; pensant d’ailleurs qu’il courrait peut-être plus de risques en retournant en arrière qu’en allant en avant, il se détermina à poursuivre sa route. Cependant les ennemis s’approchaient de plus en plus ; mais quand ils furent tout près de lui, il s’écria à haute voix : « Je marcherai dans la force du Seigneur Dieu, » et aussitôt ils reculèrent et disparurent.

Une chose singulière, et que je ne crois pas devoir

  1. Eph. VI, 18.
  2. Ps. CXVI, 4.