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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/100

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Derrière la ruine, l’air se trouble comme une eau où l’on jette du lait, les montagnes crispées se préparent à un assaut, les scabieuses plient jusqu’à terre et le « grand seigneur », qui craint les rafales, se met à l’abri contre le tas de bois. Son œil étonnamment noir est devenu craintif.

Le vent débridé ouvre les portes, ferme les fenêtres, gifle au passage bêtes et gens, et la brouscade forcenée arrive à fond de train, balayant les routes, rudoyant les arbres, griffant de longs éclairs rouges le paysage qui noircit.

Les gros troncs oscillent en se plaignant, et les feuilles, grises tout à coup, se retroussent fouettées par les gouttes larges qui claquent dru.

Le ciel rage, au-dessus de la forêt le tonnerre roule son avalanche de pierres. Sans arrêt, des femmes courent, les jupes collées aux jambes, effarées par les craquements brefs, pareils à ceux des vieux raccards qui croulent.

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