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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/69

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Mais, tout en haut des champs, madame Pluie secoue les franges de son mouchoir clair, elle arrive en courant avec ses bas blancs, les prés vont boire et tout le monde sera content.

Maintenant qu’elle est là, Brouillard doucement retourne continuer son sommeil à la forêt et l’eau qui coule vient joliment lustrer les pousses, raidir les tiges, et vernir les toits qui luisent, comme neufs. Les feuilles rouges des noyers font le gros dos, et la terre s’abreuve ; longuement, silencieusement, elle avale l’ondée abondante et joyeuse qui chante partout. Les arbres lavés rient parce qu’ils deviennent bleus, les oiseaux, qu’on ne voit plus, font des cris de joie perlés comme des gouttes, et les fleurs se poussent sur les pommiers tant elles sont contentes.

Quand Dame Pluie a redressé, tout vide, son bel arrosoir d’argent, elle replie son grand tablier rayé et retourne du côté de Berne, tandis qu’avec son râteau d’or, le Soleil revenu éclaircit les nuages. Son premier

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