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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/70

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regard tombe, dans la grange, sur Printemps qui s’étire : « C’est fini, allons, je sors ! »

Les champs, rafraîchis, sont d’un vert triomphant. Les orges, que l’averse a peignées de son long peigne aux fines dents, sont couchées comme les bandeaux des filles et les belins des noyers par terre, ainsi que des chenilles mortes. Au bord des chemins, les violettes ivres parlent aux coucous dans le creux de l’oreille, et les bourgeons des aliziers blancs, qui ressemblent aux fleurs de magnolias, se montrent garnis de diamants. On entend un singulier chant d’oiseau, trois coups d’un marteau de verre, tout brille, et Printemps réjoui va dire dans les villages qu’il faut planter les pommes de terre.

Pour cette circonstance, la famille tout entière est sur pied, c’est l’habitude. Il y a la mère, les garçons et les filles, et les petits enfants qui jettent des cailloux pour s’amuser. La bêche, la pioche, la pelle et le fossoir se démènent, et sur deux chars attendent les paniers ronds et les sacs pleins de bosses.

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