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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/71

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En haut du champ les herbes brûlent avec une longue et lente fumée ; les bras vont sous la toile des chemises, les tabliers noirs et bleus des filles volent comme des ailes de geais, et la terre éventrée sent bon. Les mulets au collier plein de cloches, sonnent en mangeant le foin qu’on leur a apporté, et le soleil, qui descend une grande échelle rouge d’étroits nuages, s’enfonce derrière la ruine. La besogne sera bientôt faite.

Sur les chapelets de pommes alignées, les sillons se referment, et les petits garçons emportent des outils plus longs qu’eux.

Les roues se lamentent sur les pierres, et puis, plus rien, le soir marche seul sur le champ apaisé.

Maintenant les pies maniérées se promènent, et le germe prisonnier qui connaît son chemin dit : « Je n’ai qu’à monter tout droit, et je verrai le ciel. »

La femme qui tresse des paniers revient, solitaire, d’un village d’en bas. Elle a un goitre ballottant, une figure de sorcière pas

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