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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/153

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interrompue par les querelles du capitaine ; mais je vis bientôt que j’avois peu gagné, loin d’oser parler, je ne savois de quel côté tourner les yeux.

On jouoit Amour pour amour[1]. Quoique cette pièce soit écrite agréablement et avec esprit, je ne compte pourtant pas de la revoir, elle manque entièrement de délicatesse, pour ne pas dire davantage. Miss Mirvan et moi nous fûmes décontenancées presque à chaque scène ; nous n’osions risquer la moindre remarque, ni même écouter celles qu’on faisoit autour de nous ; j’en étois d’autant plus fâchée, que mylord Orville étoit d’une humeur charmante. J’étois bien aise de voir la fin de cette pièce, j’espérois que je pourrois respirer plus librement ; mais à peine la toile fut-elle baissée, que je vis entrer dans la loge M. Lovel, cet homme qui, par ses impertinences, m’avoit tant tourmentée au bal où je vis mylord Orville pour la première fois.

Je voulois éviter sa conversation, et je me tournai vers miss Mirvan ; je ne pus cependant lui échapper, et dès qu’il eut salué le lord Orville et sir Clément,

  1. C’est le titre d’une comédie de Shakesp.