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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/154

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qui le reçurent froidement, il se pencha de mon côté, et me dit : « Madame s’est toujours bien portée depuis que j’ai eu l’honneur —, je ne dirai pas de danser avec elle, mais de la voir danser » ?

Son ton de complaisance ne me laissa pas de doute que ce compliment ne fût préparé pour servir de réprésailles à mes procédés le jour du bal : je n’y répondis point, et je me contentai d’une légère inclination de tête.

Après un moment de silence, il m’apostropha de nouveau d’un air nonchalant et familier : « Madame a-t-elle été ci-devant à Londres ? — Non, monsieur ».

« Je m’en doutois bien. Tout doit vous y paroître bien neuf ; nos usages, nos mœurs, nos étiquettes ressemblent peu à celles de province. Je suppose d’ailleurs que votre séjour est à quelque distance de la capitale ».

J’étois outrée de ces propos ironiques, et je les passai entièrement sous silence. Que ne parlai-je plutôt ! mon embarras ne fit que l’encourager et le divertir ; il continua avec la même affectation.

« L’air que nous respirons ici, quoique différent de celui auquel vous êtes ac-