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Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/74

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nous n’y allâmes qu’à onze heures du soir : cela vous effraiera, mais c’est l’heure reçue. Quel terrible renversement, dans l’ordre de la nature ! ces gens-ci dorment en plein jour, et veillent au clair de la lune.

La salle étoit magnifique, l’illumination et les décorations brillantes, une compagnie choisie et bien mise. J’aurois dû commencer par vous dire que je me laissai entraîner de nouveau dans une assemblée.

Miss Mirvan dansa un menuet ; mais je n’eus pas le courage de suivre son exemple. Nous fîmes un tour de promenade ; je vis de loin le lord Orville ; mais il ne nous apperçut point. Comme il n’étoit d’aucune partie, je pensois qu’il pourroit bien encore se mettre de la nôtre ; et quelque peu d’envie que j’eusse de danser, j’aurois mieux aimé que ce fût avec lui qu’avec un inconnu. Rien n’étoit plus ridicule que de supposer qu’il me feroit l’honneur de danser avec moi, après ce qui s’étoit passé entre nous ; mais j’étois assez folle pour m’y attendre : vous allez en juger par ce qui suit.

Miss Mirvan fut incessamment engagée ; un jeune homme d’une trentaine d’années, bien mis et de bonne mine,