Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T1 1797 Maradan.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

me fit l’honneur de me demander. Le cavalier que Marie avoit choisi, étoit un gentilhomme de la connoissance de madame Mirvan ; elle nous avoit dit qu’il ne convenoit point qu’une demoiselle dansât avec un inconnu dans les assemblées publiques ; aussi n’étoit-ce pas là mon idée. Je ne voulus pas me priver tout-à-fait de la danse, et je n’osois pas refuser celui-ci pour accepter ensuite tel autre qui auroit pu se présenter. Ainsi, pour ne pas m’exposer à renouveler la scène du bal, je pris sur moi de dire à l’inconnu (je rougis de vous l’avouer), que j’étois déjà engagée ; moyennant quoi, je crus me ménager une ressource, et demeurer maîtresse de mes volontés.

Ma conscience me trahit, car l’inconnu me regarda comme s’il n’ajoutoit point de foi à ma réponse ; et au lieu de s’en contenter et de me quitter, comme je l’espérois, il resta à côté de moi, et lia la conversation avec autant de familiarité, que si nous avions été d’anciennes connoissances. Il m’importuna surtout par ses questions réitérées sur le cavalier auquel j’étois engagée, et finit par me dire : « Je ne comprends pas qu’un homme dont vous avez daigné