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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/104

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aller, je le suivis, et je le suppliai de demeurer. « Non, me dit-il avec un sourire forcé ; non, ma chère, je ne veux point troubler vos méditations ».

Je fus bien plus décontenancée ; et, pendant que je cherchois à lui répondre, il sortit. Mon cœur l’accompagna ; mais je n’eus point le courage de le suivre. L’idée d’une explication, amenée d’une manière si sérieuse, m’épouvanta. Je me souvins des soupçons que vous aviez conçus au sujet de mon inquiétude présente, et je craignois que M. Villars ne l’interprétât de même.

Seule et pensive, je passai le reste de la matinée dans ma chambre. J’essayai de paroître gaie au dîné ; mais M. Villars lui-même étoit sérieux, et je ne pus suffire seule à la conversation. Dès qu’on eut desservi, il se mit à lire, et je m’assis dans une croisée. Je crois y être restée près d’une heure. Toutes mes idées rouloient sur le moyen de dissiper les doutes de M. Villars, sans l’informer des circonstances qu’il me coûtoit tant de lui avoir cachées. Mais, tandis que je formois ainsi mon plan pour l’avenir, j’oubliois le moment présent, et j’étois tellement absorbée dans l’objet de mes spéculations, que je ne fis nulle attention au