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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/103

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affaires domestiques : ils sortirent l’un et l’autre.

Dès que je fus seule, ma pauvre tête s’apperçut de l’effort qu’elle avoit fait pour soutenir la conversation, et je me sentis fatiguée. Je laissai-là mon ouvrage, et, les bras appuyés sur la table, je m’abandonnai de nouveau à mes réflexions, que j’avois réussi à endormir pendant un moment : à ce calme succéda une tristesse involontaire, qui s’empara de toute mon ame.

J’étois dans cette attitude quand M. Villars rentra dans la chambre. Je ne lui avois point entendu ouvrir la porte, et je le vis tout d’un coup devant moi, me fixant d’un air attentif. Je me recueillis au plus vîte ; et, en me levant avec précipitation ? je m’écriai : « Le fermier Smith est-il parti, monsieur » ?

« Ne vous dérangez pas, me répondit-il gravement ; je retourne tout de suite dans mon cabinet ».

« Vous ne resterez donc pas avec moi, comme je l’espérois » ?

« Comme vous l’espériez ! et étoit-ce effectivement ce que vous attendiez » ?

Cette question étoit trop inattendue pour que je pusse y répondre d’abord. Mais, lorsque je vis qu’il se disposoit à s’en