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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/108

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Je ne pus plus rester sur ma chaise, et je me levai pleine de confusion. « Non, mon cher monsieur, ne m’en demandez pas davantage. — Je n’ai rien à vous avouer, rien à vous dire ; et si j’ai été pendant quelque temps plus sérieuse qu’à l’ordinaire, c’est uniquement par hasard : je ne saurois en alléguer la raison. Vous faut-il un autre livre, monsieur ? — ou bien souhaitez-vous de reprendre celui-ci » ?

Il garda un silence absolu, pendant que je faisois semblant de m’occuper à chercher un livre ; ensuite il continua en poussant un soupir : « Hélas ! je ne le vois que trop, mon Évelina m’a été rendue ; mais je n’ai point retrouvé mon enfant ».

Ce mot me toucha vivement. « Oui, monsieur, m’écriai-je, elle vous appartient plus que jamais. Sans vous, le monde seroit pour elle un désert, et la vie un fardeau : — pardonnez-lui, — et daignez être encore une fois le dépositaire de toutes ses pensées ».

« Il n’y a qu’elle qui puisse savoir combien je désire sa confiance, et quel est le prix que j’y attache ; mais de la lui extorquer, de la lui arracher, c’est à quoi ma droiture et mon amitié ne con-