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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/109

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sentiront point. Je suis fâché d’avoir tant insisté : laissez-moi, mon enfant, et tâchez de vous remettre ; nous nous reverrons vers l’heure du thé ».

« Voulez-vous donc refuser de m’écouter » ?

« Non ; mais je ne voudrois point vous contraindre. Depuis long-temps j’ai observé que vous aviez des chagrins ; je les ai partagés, et je me suis défendu de vous en parler ; car j’espérois que le temps et l’éloignement de ce qui peut troubler votre repos amèneroient un changement : mais, hélas ! votre affliction augmente, — votre santé se dérange ; — en un mot, vous n’êtes plus la même. Oh ! ma chère Évelina, une telle altération fait saigner mon cœur. Faut-il que je voie mon enfant chéri, celle que j’avois élevée pour être l’appui de ma vieillesse ! faut-il que je la voie succomber elle-même sous le poids d’une douleur secrette ! — faut-il qu’elle me cache ses soucis, à moi qui devrois les partager ! — Mais retirez-vous, ma chère, allez dans votre chambre ; nous avons besoin tous deux de nous remettre : une autre fois nous reprendrons cette conversation ».

« Ah ! monsieur, m’écriai-je d’un cœur