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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/111

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vous voir pleurer ; séchez vos larmes, si c’est pour moi qu’elles coulent : ce spectacle m’afflige ; pensez-y, mon Évelina, et rassurez-vous : je l’exige ».

« Eh bien ! monsieur, ajoutai-je en me jetant à ses genoux, dites donc que vous me pardonnez, que vous pardonnez ma retenue, que vous me permettrez de vous ouvrir les pensées les plus secrettes de mon cœur ; acceptez la promesse solemnelle que je vous fais de ne jamais vous manquer de confiance ! Mon père, mon protecteur, mon unique et mon meilleur ami, que je chéris et que je respecte ; dites que vous pardonnez à votre Évelina ; et elle s’appliquera à mieux mériter vos bontés ».

Il me releva, et m’embrassa tendrement ; il m’appela sa seule joie, son unique espérance sur la terre, l’enfant de son cœur ; il me serra dans ses bras, et, tandis que je fondois en larmes, il tâcha de me consoler dans les termes les plus affectueux. Le moment où j’écartai cette réserve déplacée, que je m’étois follement imposée envers le meilleur des hommes, fut aussi celui où il me rendit toute son amitié ; le souvenir de cette réconciliation me sera cher à jamais.

Revenus à nous-mêmes, nous re-