Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pénétré, souffrez que je reste avec vous. Ne me croyez pas dépourvue jusqu’à ce point de reconnoissance ».

« Qu’il n’en soit pas question, interrompit M. Villars : ce ne sont pas des reproches que je prétends vous faire, et je serois fâché que vous doutassiez un instant du droit naturel et légitime que vous avez à tout ce que je possède. Mon intention n’étoit pas de vous toucher ; je ne cherchois qu’à vous soulager : mais l’inquiétude que je ressens moi-même m’a conduit trop loin, et j’ai eu tort d’insister avec tant de force. Consolez-vous, mon enfant ; le temps adoucira vos chagrins, et tout ira bien ».

Il me fut impossible de retenir plus long-temps mes larmes ; j’en versai un torrent. Mon cœur brûloit de tendresse et de reconnoissance : mais j’étois accablée de l’idée que je m’étois rendue indigne de ces sentimens généreux. « Monsieur, lui dis-je d’une voix étouffée, vous êtes la bonté même ; je ne mérite pas tant de faveurs ; je suis incapable de m’acquitter envers vous de ce que je vous dois : — mais du moins mon cœur sent le prix de vos bienfaits, et il vous en rend ses actions de grace ».

« Ma très-chère enfant, je ne puis