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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/123

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Le Lord. « Peu m’importe l’endroit que j’habiterai ; mais je suis moins facile sur la société que j’y trouverai : c’est pourquoi je souhaiterois que les objets qui m’ont charmé dans ce monde-ci, me suivissent dans l’autre pour ma consolation ».

Madame Selwyn. « Comment, mylord ! voudriez-vous dégrader votre demeure, en y admettant les habitans insipides des régions inférieures » ?

Le lord se retourna vers moi sans répondre. « Que ferez-vous aujourd’hui de votre soirée, madame » ?

« Je reste chez moi, mylord ».

« Et, à propos, où demeurez-vous » ?

« Les jeunes demoiselles ne demeurent nulle part », interrompit encore une fois madame Selwyn.

« Cette ridicule femme, me dit le lord à l’oreille, est-elle votre mère » ? (Quelles expressions, monsieur, pour une pareille question !)

« Non, mylord ».

« C’est donc votre tante » ?

« Non plus ».

« Qu’elle soit ce qu’elle voudra ; je desirerois qu’elle se mêlât de ses affaires. Une femme qui a passé la trentaine, que diable fait-elle au monde ? elle n’y est