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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/13

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Cependant, il y a quelque chose de trop mystérieux dans tout ce que vous avez vu et entendu de cet homme, pour que je me permette de juger mal de son caractère, qui d’ailleurs ne m’est pas assez connu. Il faut toujours tâcher d’interpréter en bien les cas douteux ; c’est un précepte fondé sur les liens de la société et sur les loix de l’humanité. Vous remarquerez également, ma chère Évelina, que vos recherches, au sujet de cet étranger, doivent avoir des bornes ; il y auroit de l’indiscrétion à les pousser trop loin.

Je ne saurois vous exprimer, au reste, toute l’indignation que m’a inspirée la conduite de sir Clément Willoughby : son insolence insupportable, et les soupçons odieux qu’il a osé former contre votre vertu, m’ont irrité à un degré de violence dont mes passions usées ne me paroissoient plus susceptibles. Il faut absolument rompre toute liaison avec lui ; la douceur de votre caractère l’a flatté, jusqu’ici, d’une entière impunité ; mais sa conduite autorise, et même exige votre ressentiment ; ne balancez pas à lui défendre votre porte.

Les Branghton, M. Smith, et le jeune Brown, sont trop au-dessous de vous