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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/132

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et la dame qui en étoient descendus, entrèrent familièrement dans la salle, sans être annoncés. Je reconnus d’abord mylord Merton : il étoit botté, et tenoit un fouet à la main. Après avoir fait une espèce de révérence à madame Beaumont, il se tourna vers moi. Sa surprise étoit facile à démêler ; mais il fit semblant de ne pas me remarquer. Sans doute qu’il vouloit s’instruire auparavant par quel hasard je me trouvois dans cette maison, où ma présence ne le mettoit pas trop à son aise. Il approcha une chaise de la fenêtre, et y resta assis sans dire le mot à personne.

En attendant, la jeune demoiselle sautilloit à travers la chambre ; et en passant elle salua légèrement madame Beaumont, en lui demandant : « Comment va-t-il, madame » ? Puis, sans faire la moindre attention à nous autres, elle se jeta nonchalamment sur un sofa, protestant, d’un ton de voix affecté et doucereux, qu’elle étoit fatiguée à mourir. « En vérité, madame, les chemins sont insupportables, — une poussière à vous crever les yeux, — avec cela une chaleur des plus incommodes : « — je suis hâlée à ne pas pouvoir me montrer d’un siècle. Aussi, mylord, ne sortirai-je plus