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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/136

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distance mylord Orville, qui descendoit de cheval. Sa vue me rendit tout mon trouble ; cependant je fis un effort pour ne le pas faire paroître ; mon visage ne devoit lui exprimer que du ressentiment. Il s’approcha de nous avec sa politesse ordinaire. Je me détournai pour éviter ce premier abord, et il alloit demander à madame Beaumont des nouvelles de sa sœur, lorsqu’en me reconnoissant il s’écria : « Miss Anville ! » et aussi-tôt il me complimenta, non d’un air vain ou effronté, non de l’air d’un homme qui a des reproches à se faire, mais avec un visage serein, gai, et j’ose dire charmant, avec un sourire gracieux, avec des yeux rayonnans de joie. Nul souvenir fâcheux ne sembloit alarmer sa conscience ; la lettre sembloit oubliée, et dans cette entrevue il n’y eut que moi qui sentis de l’inquiétude.

Ah ! si vous aviez vu, monsieur, avec quelle politesse il se présenta ! avec quelle douceur il me fixa, lorsqu’il me reconnut ! Tout étoit enchanteur en lui, jusqu’au son de sa voix. Il se félicitoit, disoit-il, de sa bonne fortune ; il se flattoit que je ferois quelque séjour à Bristol ; mais il espéroit que je n’y étois pas pour des raisons de santé ; car, dans