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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/139

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brusque refus choquoit mylord Orville, je crus devoir ajouter — que je serois fâchée qu’il prît cette peine.

Ce correctif fut d’un grand effet, et le lord, reprenant toute sa gaîté, répéta son offre de si bonne grâce et avec tant d’instance, qu’il n’y eut pas moyen de le refuser : depuis ce moment, mon cher monsieur, ma froideur et ma réserve disparurent insensiblement. Ne m’en veuillez point de mal ; j’avois pris la résolution de tenir ferme, je m’en étois fait même une loi ; mais lorsque j’arrangeai ce plan, je ne pensois qu’à la lettre, et je ne pensois pas à mylord Orville. D’ailleurs le ressentiment ne doit-il pas cesser, lorsque l’offense n’existe plus ? Cependant soyez bien sûr, monsieur, que si le lord avoit soutenu son caractère, tel qu’il l’a déployé dans cette détestable lettre, votre Évelina ne se seroit pas dégradée au point de souffrir patiemment des traitemens dont elle auroit eu à rougir devant vous.

Nous nous arrêtâmes dans le jardin jusqu’à ce qu’on vînt nous avertir que la voiture étoit prête. En partant, madame Beaumont invita de nouveau madame Selwyn d’accepter des chambres dans sa maison ; mais les mêmes raisons sub-