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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/142

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acceptâmes, et nous revenons dans ce moment de Clifton-Hill.

Il faut que je commence par vous tracer le caractère de cette dame ; je me servirai des pinceaux satiriques de notre amie Selwyn : voici le tableau qu’elle en fait.

Madame Beaumont est à la lettre ce qu’on pourroit appeler une superstitieuse de cour. Née d’une famille ancienne et illustre, elle s’est fait un système particulier de morale ; la naissance et la vertu sont chez elle des termes synonymes. Elle a des qualités louables, mais qui ont leur source plutôt dans sa vanité que dans ses principes ; car elle se pique d’être de trop bonne famille pour commettre une action indigne d’elle et des ancêtres dont elle a le rang à soutenir. Par un hasard heureux, elle s’est mis en tête que l’affabilité est de toutes les vertus celle qui fait le plus d’honneur aux gens de qualité ; de sorte que ce même orgueil, sur lequel la plupart des grands appuient leur arrogance, est précisément ce qui rend son commerce facile. Mais sa politesse est trop compassée et trop mécanique pour qu’elle puisse faire plaisir. Si elle me témoigne quelques égards, je dois cet honneur à un pur