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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/172

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étant allées faire leur toilette, je me trouvai seule avec mylord Orville ; dès qu’il vit que je me préparois à suivre madame Selwyn, il me retint en disant : « Miss Anville excusera-t-elle mon impatience, si je lui rappelle la promesse qu’elle a eu la bonté de me faire ce matin » ?

Avant que j’eusse le temps de répondre, les domestiques entrèrent pour couvrir la table. Mylord Orville se retira dans une croisée ; et pendant que je me consultois sur les ouvertures qu’il me demandoit, je m’arrêtai à l’idée que je n’avois aucun droit de révéler les secrets de M. Macartney : il étoit clair qu’en me justifiant d’une imprudence, j’allois en commettre une seconde.

Pour ne point agir avec trop de précipitation, je crus qu’il ne me restoit d’autre parti à prendre que de quitter la chambre : j’alléguai donc pour prétexte les soins de la toilette, et je sortis brusquement. Ma retraite aura peut-être déplu à mylord Orville ; mais que devois-je faire ? Le hasard veut toujours que je me trouve dans des situations si neuves, les moindres difficultés me paroissent d’abord si embarrassantes, qu’en vérité je sais rarement quelle conduite tenir.