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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/176

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le rappeler ; le mot de mylord m’échappa même involontairement : il se retourna, et me demanda si je desirois de lui parler ? Je ne pus lui répondre ; j’étois comme suffoquée, et je ne me soutenois qu’en m’appuyant contre la porte du jardin.

Mylord Orville reprit bientôt toute sa dignité. « Je conviens, me dit-il, que j’ai tort de me trouver ici dans ce moment : j’aurois de la peine à me disculper, je sais que vous êtes en droit de m’accuser d’une curiosité indiscrète ; il ne me reste qu’à vous faire mes excuses et à me retirer ». Il disparut, en effet, comme un éclair.

Je demeurai immobile comme une statue. Mon premier mouvement fut de faire un aveu formel à mylord Orville de tout ce que ma conduite sembloit avoir de mystérieux : mais j’abandonnai aussitôt ce projet ; quelque flatteur qu’il fût pour ma vanité, un plus noble orgueil m’inspira la résolution de garder religieusement le secret de M. Macartney ; je me décidai même à éviter toute explication, à moins que je n’en fusse pressée singulièrement.

Mylord Orville avoit repris le chemin de la maison : avant que d’entrer, il se