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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/177

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tourna encore de mon côté ; mais s’étant apperçu que je le suivois des yeux, il ferma la porte, et je ne le vis plus.

Convenez, mon cher monsieur, que j’étois là dans une situation désagréable : être soupçonnée par mylord Orville de menées secrètes ! cette idée me déchiroit le cœur. Je n’étois pas dans une assiette à attendre M. Macartney, et tout aussi peu disposée à garder mon poste, pour ainsi dire, sous les yeux du lord. Il fallut donc penser à revenir sur mes pas, et je me traînai lentement le long d’une allée. Je suppose qu’Orville me vit arriver des fenêtres du salon : il courut vers moi, et, en m’offrant son bras, il me demanda si j’étois indisposée.

Je lui répondis par un non, prononcé avec toute la fermeté dont j’étois capable : je ne laissai pas d’être sensible à son attention ; je ne m’y étois point attendue.

« Mais du moins vous accepterez mon bras ; — oui, madame, vous ne sauriez vous en dispenser ; — j’aurai l’honneur de vous accompagner ». Et sans autres cérémonies, il s’empara de ma main ; je dirai presque par force. J’étois trop surprise, et trop peu accoutumée à des instantes aussi pressantes de la part de