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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/181

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informé que vous vous intéressiez à ses affaires, je ne crois point qu’il vous en fît un mystère. Voulez-vous que je lui en parle ?

« Point du tout, ce ne sont point ses affaires qui me tiennent à cœur ; je n’en suis pas curieux le moins du monde ».

« Je ne vous ai donc point compris, mylord ».

« Pouvez-vous imaginer, madame, que je m’intéresse aux affaires d’un homme qui m’est absolument inconnu » ?

Le ton froid et sérieux dont il me fit cette question, m’humilioit un peu ; mais il adoucit avec sa délicatesse ordinaire ce qu’elle pouvoit avoir de trop piquant : « Je ne prétends pas, ajouta-t-il, parler avec indifférence de quelqu’un qui a l’honneur d’être de vos amis ; loin de-là, il suffit de porter ce titre pour m’inspirer un véritable intérêt. Seulement vous conviendrez, madame, que j’ai lieu d’être surpris, qu’au moment où je me flattois d’être honoré de votre confiance, vous me la retiriez. Mais je n’en respecte pas moins vos raisons, et je m’y soumets aveuglément ».

Peu s’en fallut que je n’eusse succombé à la tentation de révéler au lord tout ce qu’il auroit voulu savoir ; je suis bien aise