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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/183

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que je vous promis ensuite de vous confier ses secrets ».

« Et ce rendez-vous a-t-il eu lieu » ?

« Non, mylord, je me suis retirée avant qu’il fût arrivé ».

Nous nous regardâmes tous deux sans rien dire ; mais, comme je voulois prévenir des réflexions qui ne pouvoient que tourner à mon désavantage, je repris hardiment : « Jamais jeune personne n’eut plus besoin que moi du conseil de ses amis ; je suis neuve dans le monde, et peu accoutumée à agir par moi-même ; mes intentions ne sont point mauvaises, et cependant je fais des fautes à chaque instant. Jusqu’ici j’ai joui du bonheur d’avoir pour ami un homme très-capable de me diriger et de me conduire ; aujourd’hui il est trop éloigné de moi pour que je pusse recourir à lui dans les occasions où ses avis me seroient nécessaires, et ici je n’ai personne à qui je puisse m’adresser.

« Veuille le ciel, s’écria Orville avec le ton le plus affectueux, et d’un air où il ne restoit plus la moindre trace de froideur, veuille le ciel que je sois en état de remplacer dignement l’ami de miss Anville » !

« Vous me faites trop d’honneur, my-