Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crois pas avoir trouvé jamais une bonne pointe ».

J’étois toujours à me débattre contre mylord Merton, et je demandai sérieusement qu’on me délivrât de lui. Madame Selwyn lui répéta avec ses plaisanteries ordinaires, de se retirer sur-le-champ ; madame Beaumont ne fut pas moins scandalisée de ses mauvaises manières, et lui conseilla de songer à faire sa paix avec sa belle, et de cesser de m’importuner. Lady Louise déclara que sa paix étoit toute faite, puisqu’elle étoit fort aise d’être quitte d’un importun ; elle ajouta qu’elle renonçoit à lui, et pour le punir elle prit le bras de son frère et le pria de la conduire.

« Que n’ai-je aussi un frère, m’écriai-je, qui puisse me venger des traitemens que je souffre » ! Cette exclamation étoit involontaire, et l’effet de la peur que m’inspiroit l’état honteux où je voyois ce Merton. Mylord Orville, qui y fit attention, quitta sa sœur pour me demander si je voulois lui faire l’honneur de l’adopter pour frère, et sans attendre ma réponse il renvoya mylord Merton ; et en me présentant à lady Louise, il ajouta qu’il auroit soin de ses deux sœurs ; il nous donna le bras à l’une et à l’autre,