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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/209

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ney pâlit, la voix lui manqua, et il ne savoit plus ce qu’il faisoit. Moi-même j’étois troublée par une foule d’idées confuses qui se présentèrent à mon esprit. D’où lui vient, pensois-je, une agitation aussi extraordinaire ? — Nous nous retirâmes bientôt : je fis mes adieux à M. Macartney, mais il étoit trop enfoncé dans ses rêveries pour s’en appercevoir.

Avant que de retourner à Clifton, nous accompagnâmes madame Selwyn dans une boutique de libraire, où elle avoit des emplettes à faire ; pendant quelle s’amusoit à parcourir quelques nouveautés, mylord Orville me demanda encore à quand j’avois remis M. Macartney.

« J’ignore, lui répondis-je, si je le reverrai ; mais il est certain que je donnerois tout au monde pour avoir un moment d’entretien avec lui ». Je prononçai ces paroles avec une sincérité ingénue, et sans faire attention à la force des termes dont je me servois.

« Tout au monde, reprit mylord Orville ; et c’est à moi que vous le dites » !

« Oui, mylord ; et je ne craindrois pas de le répéter à quiconque voudra l’entendre ».